Questionnaire de l'Atlas Linguistique de la France - ALF

Author : Jules Gilliéron, Edmond Edmont

Publication date : 1902

Questionnaire URL : http://symila.univ-tlse2.fr/alf/questionnaire_alf_reconstitue

Bibliographical references :

  • Gilliéron, Jules, Edmont, Edmond 1902-1920 Atlas linguistique de la France, Paris : H. Champion, 35 fasc. de cartes. (ALF)
  • Gilliéron, Jules 1904 Atlas linguistique de la France: compte rendu de M. Thomas, Paris : H. Champion, 23 p.
  • Paris, Gaston, Gilliéron, Jules, Edmont, Edmond [1903] Notice sur l'Atlas linguistique de la France, Paris : H. Champion, [2]-22 p.
  • Paris, Gaston 1888 Les parlers de France Lecture faite a la réunion des Sociétés savantes le samedi 26 mai 1888, Paris : Imprimerie nationale, 13 p.
  • Pop, Sever  [1950] La dialectologie. Première partie, Dialectologie romane: aperçu historique et méthodes d'enquêtes linguistiques  Louvain : chez l'auteur, LV-733 p.
  • Thomas, Antoine 1904 L’Atlas linguistique de la France Le Journal des sçavans, 89-96.

Goals

[Le questionnaire de l'ALF a servi à constituer un Atlas linguistique de l'espace roman où le français est par ailleurs (ou était au moment de l'enquête : 1897-1902) langue officielle ou langue d'éducation ce qui permettait l'enquête par traduction depuis un stimulus Français. Ce n'est donca pas exactement un Atlas linguistique "de la France" puisque les zones non romanes du territoire français ne sont pas concernées et que les zones francophones, des zones occitanophones ou de parler franco-provençal hors du territoire français ont été intégrées à l'enquête. Les objectifs de l'Atlas concernaient tous les aspects de la linguistique interne, avec une attention toute particulière au lexique, à la phonétique historique, à la morphologie. La syntaxe n'est pas pour autant absente come le montre le texte ci-après publié par Jules Gilliéron avec la première livraison de l'Atlas linguistique de la France, ce qui a rendu possible le projet SYMILA dans le cadre duquel le questionnaire de l'ALF a été reconstitué. Le premier volet du projet SYMILA s'est donné pour tâche de rendre accessibles les données syntaxiques présentes dans l'ALF. On peut en voir les premiers résultats à cette adresse : http://symila.univ-tlse2.fr/.   P.Sauzet]

L’Atlas linguistique de la France est un recueil de matériaux devant servir à l’étude des patois de la France romane et de ses colonies linguistiques limitrophes.[1]

Il répond à un appel que M. Gaston Paris adressait il y a 14 ans aux savants de la province ; le programme qu’il leur proposait est contenu tout entier dans ces mots ; « Il faudrait que chaque commune d’un côté, chaque forme, chaque mot de l’autre, eût sa monographie, purement descriptive, faite de première main, et tracée avec toute la rigueur d’observation qu’exigent les sciences naturelles.[2] » Tel est bien le programme à réaliser ; mais, on peut le dire sans pessimisme, l’achèvement du long travail qu’il suppose s’enfonce dans l’avenir au point d’en paraître improbable et chimérique, d’autant plus que chaque année qui s’écoule fait plus stérile et plus ardu le terrain à explorer, ternit enfin de plus en plus, sans compensations appréciables, le tableau dont il importe de noter le coloris, en ses valeurs justes, sa richesse et ses harmonies. Et encore, s’il importe d’établir sur une base sérieuse l’histoire linguistique de la France ; si l’on entend fournir aux linguistes ce qui leur manque encore totalement -- des matériaux fidèlement transcrits, et recueillis sur des points assez nombreux et voisins pour que puissent être étudiés, en soi et en fonction, les ferments de la matière linguistique ; s’il s’agit, enfin, de détailler les aires lexicologiques, phonétiques, morphologiques et syntactiques, au point que le linguiste vienne avec confiance interroger leurs contours et le procès-verbal des conditions où ces aires meurent ou naissent, se dilatent ou se contractent ; s’il en est ainsi, on peut dire que le desideratum formulé aux Parlers de France, loin d’embrasser le maximum de la tâche (comme il semblerait, de par les difficultés matérielles), n’en indique vraiment que le strict minimum. Mis en regard de ce programme, qu’est notre Atlas ? Il ne donne qu’une faible partie des parlers de 639 communes, alors que la France, à elle seule, en compte 37.000 ! Il n’est donc qu’une modeste ébauche, et nous sommes les premiers à reconnaître que l’approximation à laquelle nous avons été condamnés par les circonstances doit impliquer bien des omissions de faits importants, bien des défectuosités dans le tracé que constituent les aires.

L’Atlas linguistique de la France est le résultat de plus de quatre années consécutives de voyages en zigzag, dont le lecteur pourra suivre les itinéraires, en consultant le tableau des numéros d’ordre chronologique; et il ne renferme absolument que des formes recueillies sur place pendant ce laps de temps, et recueillies par M. Edmont seul. Sa tâche consistait à relever les équivalents patois de toutes les formes d’un questionnaire dans un certain nombre de points, à distances à peu près égales les uns des autres, de tous les départements romans de la France et de toutes les autres divisions administratives correspondantes des pays limitrophes de notre carte. Ce nombre de points était fixé d’avance et proportionné à l’importance de la variation que le parler nous paraissait devoir présenter; mais il va sans dire qu’il n’était point définitif, qui il restait sujet à une révision dictée par les constatations faites dans le cours des voyages. De fait, il n’est guère de département où nous ayons maintenu le nombre de points d’enquête qui avait été fixé primitivement. À une ou deux exceptions près (Courtisols, p. ex.), nous ne nous sommes jamais laissés guider dans notre choix par les résultats de travaux antérieurs et n’avons jamais recherché les points qui auraient pu se prévaloir d’un titre quelconque.

Ces résolutions initiales, où les observations linguistiques antérieures jouent un rôle des plus effacés, résultent de mûres réflexions, et non point, comme on pourrait le supposer, de négligence dans la préparation du travail d’enquête ; en effet, en choisissant à l’avance des points qui se recommandent à l’attention par des particularités, des singularités ou tout autre titre analogue, nous aurions, de propos délibéré, vicié notre exposé de faits relevés par approximation géographique, nous aurions sacrifié la vérité de l’aspect normal à des particularités risquant de la fausser plus ou moins.

Par ce qui précède, on voit que notre plan n’avait rien de bien impératif et laissait à M. Edmont une grande liberté dans ses opérations ; il avait à trouver, dans un cercle bien suffisamment vaste, les personnes et les circonstances lui paraissant le mieux indiquées pour le bon engrangement de sa moisson.

Le questionnaire dont il était muni à son premier départ se composait[3] ;

  1. De mots isolés’[4], choisis dans le répertoire populaire, groupés par similitude de sens, et plus particulièrement désignés pour établir les lois phonétiques des parlers. De ce choix n’étaient point exclus des mots d’origine récente, pas plus que ceux que les patois ne peuvent posséder de leur propre fonds et qu’ils doivent au langage littéraire. Il nous [p5] importait, en effet, de mettre en lumière la façon dont les parlers populaires se comportent vis-à-vis de cette phalange de mots importés, dans quelle mesure ils se les assimilent à leur fonds ancien, à quel degré ils sont en communion avec le langage de Paris et accessibles à toute invasion. Ce sont des témoignages intéressants de leur état vital.
  2. D’un certain nombre de mots, isolés également, que nous savions varier en multiples aires et comme tels plus particulièrement indiqués pour montrer la variété du vocabulaire gallo-roman. C’est cette catégorie de mots que le supplément du questionnaire, dont il va être question, a plus spécialement enrichi.
  3. D’une centaine de phrases, fort peu compliquées, d’allure rustique, mettant en fonctions morphologique et syntactique de nouveaux mots et des mots figurant déjà dans les deux premières catégories. Ces phrases donneront notamment un aperçu à peu près complet des formes régulières du verbe. Elles sont d’un intérêt capital dans un travail tel que le nôtre. La phrase n’est-elle pas souvent —dois-je dire toujours ? le creuset d’où sort le mot isolé ? Et, dans les patois, que de mots sortent de ce creuset avec les traces de l’usure ou de l’encroûtement ! Une quantité de mots isolés de notre atlas ayant une étendue de sens qui varie selon les patois,’ voire même selon les individus, demander l’équivalent du type français c’est s’exposer à n’en obtenir qu’un à-peu-près sémantiquement insuffisant. A cet égard il n’y aurait donc, pour beaucoup de mots, de réponse rigoureusement précise qu’à ce qui figure dans une phrase et est ainsi sémantiquement déterminé; là seulement, il y aurait équivalence réelle entre le mot français et le mot patois. Devions-nous, dès lors, ne former notre questionnaire que de phrases immobilisant un mot dans l’une de ses acceptions[5] ‘ ? Peut-être, en théorie. Mais, en appliquant ce système d’interrogation, nous aurions, bien plus que cela n’a eu lieu, été dupes de l’arbitraire momentané des sujets interrogés, nous aurions présenté au lecteur des discordances du modèle français qu’il aurait, exclusivement à d’autres formes, attribuées au patois, alors qu’elles n’auraient été que le fait d’une momentanéité en même temps que d’une individualité. La comparaison entre les parlers en aurait grandement souffert sans que, en compensation, la rigueur scientifique y eût trouvé son compte. Fallait-il [p. 6] y obvier, en recherchant une traduction littérale ? C’était s’exposer infailliblement à falsifier le langage. Le lecteur devra se rappeler que si dans la recherche des mots isolés la vérité sémantique a quelque peu souffert, c’est au grand profit de la concordance formelle entre le français et le patois; et que, d’autre part, ce mode d’enquête amenait beaucoup plus facilement et naturellement les synonymes ou concurrents des mots demandés.

Après avoir vu notre questionnaire à l’épreuve pendant plus de quatre années, nous sommes loin de croire que ce document, indispensable pis-aller pour une enquête faite dans les circonstances où nous nous trouvions, ait été conçu pour le mieux. Nous nous en consolons, d’ailleurs, dans une certaine mesure, car nous avons la conviction que, dussions-nous le remanier actuellement, après œuvre accomplie, et terminer par où nous avons dû commencer, le nouveau modèle nous ménagerait encore bien des surprises désagréables.

Au cours de l’enquête, nous avons ajouté au questionnaire primitif bon nombre de mots nouveaux, quelquefois pour combler des lacunes apparues, souvent aussi par la nécessité de mettre dans un rapport plus équitable, et plus conforme à notre projet primitif, d’une part le temps pris par l’interrogation (temps ne dépassant pas nos prévisions), et d’autre part le temps consacré à la recherche d’un lieu et d’un sujet favorables (les excédant, celui-ci, de près de moitié). A la vérité nous cédions encore à une troisième considération, peut-être plus impérieuse que les deux premières ; loin de s’émousser à la tâche déjà considérable que nous nous étions imposée, notre appétit grandissait au fur et à mesure qu’avançait le travail. Nous devons nous excuser de cette dérogation au principe que nous avions adopté de ne soumettre au lecteur que des cartes complètes, car on éprouvera peut-être un peu du dépit que nous éprouvons nous-mêmes à voir dans certaines de nos cartes de grands espaces vides de formes, et à ne trouver, vers la fin de l’ouvrage, que des cartes du midi de la France seulement au lieu de cartes complètes du territoire exploré. Nous donnons plus loin un tableau de ces mots nouveau-venus, avec la date de leur apparition dans le questionnaire, en tant du moins qu’ils intéressent l’atlas général, c’est-à-dire l’atlas à cartes de la France entière.

Il nous parait superflu pour le moment           et il nous serait bien difficile, vu l’état dans lequel se trouvent actuellement nos matériaux — de signaler tous ceux qui ne rempliront que des cartes de la moitié sud du territoire et qui feront suite à l’atlas général. Le nombre de ces cartes est de 400 au moins (occupant 200 feuilles du format adopté) qui constitueront 4 fascicules au moins. Nous avons un autre aveu à faire, et un aveu qui nous coûte plus que le précédent ; au début de l’enquête nous avons cru pouvoir négliger de noter l’accent tonique, nous réservant de le faire dans l’est du territoire où tant de perturbations phonétiques ne s’expliquent que par sa mobilité dans’ la phrase. La place de l’accent [p. 7 →] n’a été régulièrement notée qu’à partir du numéro 156 d’ordre chronologique ; et encore, pour être sûr dé ne soumettre au lecteur que des matériaux qui, sous ce rapport, fussent absolument dignes de foi, nous a-t-il fallu apporter à la notation une restriction dont nous parlons plus loin. Nous regrettons bien vivement cette omission, plus encore en ce qui concerne les phrases et locutions, où s’opère le travail de désagrégation de l’accent latin, que pour les mots isolés, où sa fixation est beaucoup plus hésitante et paraît être souvent due à des influences momentanées auxquelles le sujet interrogé s’abandonne.

Étant données la brièveté du temps consacré à l’interrogation, facteur dont on ne saurait nous tenir rigueur, et partant l’impossibilité d’un examen quelque peu approfondi, non pas de la nature des sons que nous voulions saisis en « instantanés », et francs de toute retouche, mais de la valeur sémantique exacte et de la réalité syntactique des réponses, nous avons pensé que nos renseignements s’écarteraient le moins possible de la vérité, si nous laissions au sujet la plus grande liberté, son « franc parler », Si nous affranchissions autant que possible la traduction des inconvénients qui lui sont inhérents, inconvénients plus particulièrement désastreux, lorsqu’il s’agit de parlers étroitement apparentés et en communion constante. Les réponses que nous reproduisons dans nos cartes représentent toujours l’inspiration, l’expression première de l’interrogé, une traduction de premier jet. On verra par la suite que nous avons pris soin de distinguer par un signe particulier les formes recueillies en réponse à une seconde question posée en vue d’obtenir une équivalence directe ou plus directe.

En prenant ces mesures au détriment de la concordance dans les formes d’une seule et même carte, nous nous sentions d’avance approuvés par ceux de nos lecteurs qui ont recueilli des parlers de la bouche de sujets peu lettrés ; ils savent, en effet, quelle difficulté on éprouve parfois à obtenir une réponse directe à la question posée et à combien d’erreurs on s’expose, d’autre part, à vouloir faire rectifier une réponse fausse, indirecte ou imparfaite. Ce fut notre constant souci d’éviter, autant que possible, ce que nous appelions dans notre correspondance « les formes extorquées »[6]. [p. 8 →]

Nous venons de faire allusion, en passant, au prix que nous attachions aux caractères de l’instantanéité dans la notation des sons. Nous devons à ce sujet, prévenant les objections qu’on ne manquerait pas de nous faire, donner quelques détails sur notre façon de procéder à l’établissement des cartes. Ces détails, croyons-nous, rassureront le lecteur sur la possibilité d’écarter (pour vaste que soit cet ensemble des parlers) toute confusion dans l’attribution des formes à leurs numéros respectifs, c’est-à-dire à leur lieu d’origine.

Les patois ont été recueillis chacun sur un cahier particulier, dont la couverture portait les indications géographiques qui nous ont servi à établir les trois premières cartes de l’atlas et le tableau de cette brochure intitulé ; Nomenclature des localités, etc... Ces cahiers étaient remplis sur place et aussitôt envoyés pour être dépouillés.

Ils portaient sur chaque feuillet, divisé en trois colonnes, le nombre toujours égal des mêmes mots et des mêmes phrases du questionnaire, dans le même ordre et numérotés de 5 en 5. Cette disposition, si simple qu’elle s’imposait d’elle-même, facilitait le report sur les cartes (et sur les feuilles numérotées qui les ont remplacées, comme on le verra plus loin), en assurait l’exactitude, en même temps qu’elle restreignait à son minimum l’omission dans l’interrogation.

La notation des sons d’un patois a été faite sans qu’on se soit aucunement soucié d’établir une graphie unitaire dans les formes en conditions phonétiques théoriquement identiques. Il fallait, en effet, briser avec l’errement (que nous avouons avoir suivi nous-même autrefois) consistant à soumettre, plus ou moins sciemment, à des retouches le cliché phonétique de la perception première. Qu’on prenne pour base d’un parler d’une commune l’ensemble des habitants (et en fixe une moyenne), ou qu’on n’en prélève, comme nous l’avons fait en général, qu’un échantillon, en ne consultant qu’un de ses représentants, peu importe ; les patois ne présenteront point au transcripteur la rigidité, l’immuabilité phonétiques, qu’on paraît encore leur attribuer ; et le travail de retouche n’est point aussi innocent qu’on pourrait le croire, car il efface souvent des nuances précieuses pour l’observation des lois, et, si l’on veut me pardonner l’aspect paradoxal de cette assertion, il outre souvent les vérités au détriment des doutes[7]. C’est pourquoi [p. 9 →] nous n’avons point cherché non plus à combler les lacunes que présente ou paraît présenter la notation des signes diacritiques, alors que cent formes eussent pu nous guider dans la correction.

Nos cartes peuvent contenir des fautes, nombreuses peut-être, mais elles ne contiennent aucune faute qui soit imputable à une révision critique fies matériaux ; et c’est là une garantie que nous voulions et devions donner à la catégorie de lecteurs que surtout nous ambitionnons.

L’Atlas linguistique de la France, à cette heure de sa publication, a déjà éprouvé des déboires qui, loin de lui nuire, lui sont devenus salutaires. Ne sachant au début quel procédé serait employé dans l’impression des cartes, nous pensions parer à toutes les difficultés pouvant résulter de cette ignorance en établissant un manuscrit qui fût le modèle exact de l’impression. En conséquence, nous reportions, au fur et à mesure que nous recevions les cahiers, chacune des formes qu’ils contenaient sur la carte muette qui lui était réservée, et à son emplacement topographique. Celui-ci était marqué par un point que des numéros devaient remplacer par la suite. Les deux tiers de ce report étaient faits – plus de deux années de travail –, lorsque M. Protat, s’étant décidé à entreprendre l’impression de l’Atlas, nous révéla toutes les difficultés qu’un manuscrit de cette forme susciterait au compositeur et nous engagea à adopter le seul mode qui lui parût convenir. Nous devons avouer que la perspective de recommencer une besogne déjà si avancée ne fut pas pour nous réjouir. Notre désappointement ne dura cependant guère ; tels sont la variété et l’intérêt de nos matériaux, que la plupart du temps, seuls les cahiers défraîchis par le premier travail nous faisaient souvenir que nous nous livrions à un remaniement; et nous trouvions un autre motif de consolation dans l’expérience acquise et mise à profit, tout particulièrement, pour le sectionnement de nos phrases.

Ce nouveau procédé consiste à reporter nos formes patoises non plus sur des cartes muettes, mais sur 6 feuilles réglées et portant imprimés, par ordre numérique, les numéros de la carte, numéros reproduits sur chacun des feuillets de nos cahiers. Les cahiers se trouvent dans le même ordre que les numéros des feuilles ; en outre, ils sont disposés par tas numériquement équivalant aux colonnes des 6 feuilles. De cette façon, chaque fois que, au cours du dépouillement, nous arrivons au bas d’une colonne, nous sommes nécessairement avertis de toute erreur qui aurait pu survenir dans le défilé des cahiers, alors même que nous ne serions pas constamment, pour une raison ou pour une autre, amenés à contrôler plus fréquemment la concordance du numéro des cahiers avec celui des feuilles. Les placards que nous recevons de l’imprimerie sont la reproduction exacte de notre manuscrit ; ils sont soigneusement corrigés par les deux auteurs, d’autant plus soigneusement que toute correction sur la carte une fois composée est une opération délicate et, dans de nombreux cas, impossible. Si le lecteur veut bien songer [p. 10] que chacune des 639 formes de nos patois doit être détachée séparément du placard pour être reportée sur la pierre lithographique où sa place numérotée l’attend, il pourra se faire une idée de l’importance du travail d’imprimerie et du mérite de notre imprimeur.

 

EXERGUE

Nos cartes portent en exergue, au N. O., les formes françaises dont on a demandé les équivalents patois. Lorsque les formes, en caractères gras, y figurent seules, elles ont été demandées isolément, c’est-à-dire en dehors de toute association syntactique (abeille, aboyer)[8] Lorsque, au contraire, elles ont été extraites de l’une des phrases ou locutions du questionnaire, on a toujours eu soin d’indiquer la phrase entière, le fragment de phrase ou la locution dont elle a été détachée (Il mène les bœufs à l’abreuvoir. Je vais acheter deux chevaux à la foire). À quelques exceptions près, toutes les parties constituant ces ensembles syntactiques figurent dans notre Atlas, et c’est souvent en les replaçant dans leur milieu qu’on trouve leur raison d’être.

Ces formes, en caractères gras, sont quelquefois accompagnées d’une parenthèse qui en spécifie l’acception visée dans notre interrogation ou donne d’autres indications complémentaires de natures diverses (absinthe (la plante) ; aiguillon (de guêpe). Quand des mots à acceptions diverses ne sont pas accompagnés de parenthèse, ils sont pris dans leur sens le plus habituel (il nous a paru superflu, p. ex., d’ajouter : (d’oiseau) après aile). D’ailleurs, nous le répétons, nous ne sommes point à l’abri du reproche de n’avoir pas suffisamment précisé l’acception de certains mots patois (aire). Les notes qui font suite au titre de la carte indiquent les constructions syntactiques qui diffèrent de celle du français, qu’elles soient accidentelles et attribuables [p. 11] l’arbitraire momentané du sujet ou qu’elles reposent sur une conception particulière au patois (boire... = il mène boire les bœufs, et non ; il mène les bœufs boire). De concert avec les indications qui se trouvent aux numéros de la carte (le chasseur va à la chasse, mais ; le chasseur il va à la chasse), elles garantissent l’intégrité de la reconstitution des ensembles syntactiques. Ces notes ont encore trait à des signes conventionnels, particuliers à telle ou telle carte et que nous avons adoptés pour ne pas avoir à multiplier les renvois (+,  ‡ , ♀[9]); ou, enfin, renferment d’autres renseignements sur lesquels il nous paraît inutile d’insister plus longuement.

Nous n’avons à signaler les renvois figurant dans l’exergue du N. O. que pour déplorer qu’ils ne soient pas plus nombreux, et aussi pour excuser leur imperfection de fond et de forme ; ce sont, le plus souvent, des remarques faites par les sujets à qui nous avons cru devoir... laisser la parole.

Les autres parties de l’exergue sont réservées aux formes qui n’ont pas trouvé place dans le corps de la carte. Un signe de renvoi, seul auprès d’un numéro, avertit le lecteur qu’il trouvera la forme absente dans une des parties de l’exergue, généralement la plus proche.

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NUMÉROTAGE

Chacun des numéros de nos cartes représente un des patois étudiés. Le n° 284 seul en représente deux, dont les formes sont séparées par un tiret ; la première est celle de Saint-Pol-ville, la seconde celle de Saint-Pol-faubourgs. Abstraction faite des modifications survenues dans le cours de l’enquête et mentionnées ci-dessus, le questionnaire a été rempli en entier dans les 639 localités de la carte, à une seule exception près, l’île d’Aurigny (398) ; les communications qui relient cette île à ses voisines et au continent sont telles qu’une enquête complète nous eût fait perdre trop de temps. Les formes non recueillies se trouvent donc remplacées par le signe que nous avons affecté aux formes omises (—).

[p. 12 →]

Le schéma qui suit donne la disposition théorique qui a servi de base à la répartition de nos numéros et nous dispense de longues explications.

 

Notice servant à l'intelligence des cartes_Pic12

[p. 13]

SÉPARATION DES MOTS

La séparation des mots a été pendant toute la durée du travail une véritable obsession pour nous.

Maintenir isolées les parties d’un mot composé, attribuer aux mots d’une façon rationnelle et systématique les sons que leurs frottements syntactiques engendrent, telles étaient les deux tâches s’imposant à nous.

Dans la première, nous aurions aimé à suivre le modèle qu’offre le français. Si défectueux qu’il soit, il avait l’immense avantage d’être familier à tous ; en l’adoptant, nous aurions facilité considérablement la lecture et la comparaison des formes patoises. Malheureusement, cette adoption n’était pas toujours possible ; en effet, sous l’influence de deux dissolvants, étroitement unis dans leur œuvre commune, l’oubli de la composition et la puissance nivelante de l’évolution phonétique, sous ces deux influences, les mots composés deviennent parfois, et par degrés insensibles, des mots simples ou même font place à de nouvelles compositions. Tout le travail latent, insensiblement gradué, qui amène les résultats tangibles, ne saurait s’accommoder d’un système graphique basé sur la distinction des mots composants. En voici un exemple qui nous paraît frappant ; le mot garde champêtre, par le double travail de dissolution dont nous venons de parler, devient garchon pêtre; mais il y aboutit après avoir passé par des formes dont le type, si nous observions le système de transcription appliqué aux deux-formes précédentes, devrait être transcrit gar chompêtre. Où gar chompêtre cesse-t-il d’exister et fait-il place à garchon pêtre ? Il est impossible de le préciser pour certains patois, surtout si l’on considère que gar peut équivaloir à garde et à gars.

La même indécision plane sur les mots simples que le patois décompose par étymologie populaire, quand, par ex., de absinthe il fait herbe sainte.

N’était-ce pas agir sagement que de soumettre à la critique les matériaux dans un état brut, où toute ordonnance de décomposition restait à faire, il est vrai, mais où ils étaient exempts au moins des présomptions et des déductions qui forcément eussent été prématurées, et même erronées. C’est ce que nous avons fait ; des mots composés qui nous paraissaient présenter des difficultés de décomposition insurmontables ou devant être l’objet d’un examen plus approfondi ou plus savant que celui auquel nous pouvions les soumettre, ont été considérés et traités comme des mots simples, et alors nous leur avons appliqué une notation plus précise de l’accent tonique. Mais, lorsque nous pouvions, sans nous aventurer dans le [p. 14] domaine du doute, nous en tenir au modèle du français, nous nous y sommes rigoureusement tenus. Il s’ensuit que nos matériaux, sous ce rapport, au lieu d’être épurés, à la rédaction définitive, de certaines formes douteuses quant à la composition, ont été, au contraire, ramenés précisément à cause de ces dernières à un état plus brut.

Quant à la seconde tâche, qui consistait à attribuer aux mots d’une façon rationnelle et- systématique les sons que leur frottement syntactique engendre, elle était tout aussi délicate que la première. Toutes nos tentatives pour trouver un système satisfaisant ont échoué, et nous sommes restés, à cet égard, dans un état bien voisin de l’anarchie, mais dans un état que nous préférons encore à un ordre mal assis. Ce n’est pas sans un certain sentiment de confusion que nous présentons au lecteur des cartes où la formule où est-ce est écrite en un mot, où à l’abri est écrit à labri.[10] La brutalité de cette solution trouvera peut-être auprès de la critique plutôt encore une excuse que certaines formes qui se sont faufilées dans des cartes où l’on s’est conformé aux divisions établies par le français.

Quoi qu’il en soit, nous tenions à avertir le lecteur que dans nos cartes toute séparation de ce genre est sujette à suspicion. La forme phonique du mot en elle-même n’ayant jamais subi la plus légère atteinte de notre ignorance ou de notre inconséquence, notre fidélité de transcripteur est restée complètement intacte dans cette épreuve, et nous croyons même pouvoir affirmer que le critique qui aura à s’occuper de ces délicates questions de la séparation des mots montrera la plus grande indulgence pour la violence de nos procédés.

[p. 14]

PONCTUATION

La ponctuation joue dans nos cartes un rôle qui demande quelques éclaircissements; elle a été l’objet du plus grand soin dans la correction des épreuves. Lorsque deux formes ne sont séparées par aucun signe de ponctuation, elles sont dans un rapport ; de sing. à plur. pour les substantifs (abeille abeilles), de masc. à fém. pour les adjectifs (blanc blanche), parfois ; de masc. à fém. pour les substantifs (âne ânesse).

Les deux combinaisons concernant le substantif peuvent se présenter simultanément dans une même carte, alors nous adoptons la ponctuation appliquée à la carte agneau :

agneau agneaux, agnelle

La virgule sépare les formes concurrentes (âne, bourrique f, baudet). Elle peut, dans certains cas exceptionnels, être remplacée par le point et virgule, lorsque déjà, dans la même carte, nous lui avons donné une affectation particulière (agneau agneaux, agnelle; agnel).[11]

Théoriquement, ce système de ponctuation fait prévoir un grand inconvénient ; c’est qu’il laisse place à une confusion entre la seconde forme morphologiquement apparentée à la première et le second terme de composés tels que parc-sangler ; mais cet inconvénient, purement théorique, n’a pu nous décider à renoncer aux grands avantages de simplification que présente le système, pas plus qu’à adopter le trait d’union pour les mots composés. D’ailleurs, partout où une confusion semblait possible, nous en prévenons le lecteur par une note en exergue ou une indication dans le corps même de la carte.

[p. 16]

ACCENT TONIQUE

Nous avons dit pourquoi l’accent tonique n’est noté régulièrement qu’à partir du n° 156 d’ordre chronologique [12]‘ . Quelques patois du Pas-de-Calais, relevés antérieurement à la date que représente ce numéro, ont pu être complétés à cet égard, après enquête terminée.

L’accent tonique n’est pas noté ;

1) lorsqu’il tombe sur la syllabe finale du mot, à condition que celle-ci ait un son vocalique complet, c’est-à-dire un son que nous n’avons pas transcrit en petit caractère ;

2) lorsqu’il tombe sur l’avant-dernière syllabe, la dernière ayant un son vocalique incomplet et impropre, par conséquent, à porter l’accent. Par ces deux cas de suppression il n’est porté aucune atteinte à l’intégrité de la notation de l’accent tonique.

Il n’en est pas de même d’un troisième cas de suppression qui est venu troubler la simplicité de cette ordonnance et que l’état de nos matériaux a rendu nécessaire, sans que nous ayons pu prendre à temps des mesures pour obvier aux inconvénients qui en résultent ; l’accent est souvent indécis et par là rebelle à toute transcription. Dans cet état, nous n’avons donc pu le noter et son absence alors crée une confusion regrettable avec les deux cas de suppression motivés par le désir de simplifier la notation.

Nous avons appris, mais trop tard pour profiter de l’expérience, que le seul procédé applicable à la notation de l’accent est celui qui consiste à le noter partout, où qu’il soit, et à ne s’en dispenser qu’au cas de force majeure, c’est-à-dire lorsqu’il laisse l’auditeur dans l’incertitude.

Quand une seconde forme vient figurer à côté de la première (qu’elle en soit séparée par une virgule ou non), nous ne l’abrégeons qu’à la condition que l’abréviation n’entraîne pas un nouvel équivoque. Ainsi :

                          pu̩li .. lino              doit être lu :            pu̩li pu̩lino

                          pu̩li .. li̩no              »    »     » :               pu̩li puli̩no

                          pu̩li pulino             »    »     » ;               pu̩li pulino

                                                      (acc. indécis) ou pulino̩ (ce qui est bien rarement le cas).

                          pu̩li puli                »    »     » ;               pu̩li puli̩·· ou puli (acc. indécis).

 

[p. 17]

Telle est la notation que nous avons appliquée dans presque toutes nos cartes, que celles-ci traitent d’un mot demandé isolément ou qu’elles traitent d’un membre détaché d’une phrase, — dans presque toutes nos cartes, avons-nous dit, car fort heureusement il en est quelques-unes qui feront un peu oublier l’imperfection des autres ; ce sont celles qui après la forme française servant de titres portent, entre parenthèses, la lettre A. Là, nous avons mis l’accent partout, où qu’il se trouve, et toute abstention dans sa notation a pour raison son imperceptibilité ou son indécision. Les cartes portant ce signe A renferment généralement des mots composés et des fragments de phrases pour l’accentuation complète desquels toutes nos précautions avaient été prises dès l’abord.

Nous ne terminerons pas ce chapitre sans avertir encore le lecteur que nous n’avons pas cru devoir nous abstenir de certaines concessions au système de notation préconisé par nous comme étant le ‘seul applicable ; ainsi, par exemple, lorsque pour y confirmer la présence de l’accent, nous avons accentué des voyelles complètes en syllabe finale ou que, vu la rareté du fait, nous le marquons sur des monosyllabes tels que l’article et autres mots analogues où il n’a pas coutume de se fixer.

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SIGNES ET ABRÉVIATIONS

Les signes et abréviations n’ont trait qu’aux mots qu’ils suivent ou qu’ils encadrent.

m, f, s, p ou m, f, s, p               Ces lettres sont les abréviations des noms de genre et de nombre et n’accompagnent que les mots où ils diffèrent du français. En général, il nous a paru inutile de noter genre et nombre quand le substantif est accompagné d’un article ou d’un autre mot les précisant déjà. Au contraire, par surcroît de précaution, nous les indiquons quand la forme du substantif pourrait évoquer un doute dans l’esprit du lecteur ou encore quand il y a dans une région alternance fréquente.

m f                               Ces lettres accompagnent les mots qui sont masc. ou fém., suivant les individus, ou indifféremment de l’un ou de l’autre genre, comme dans un petit nombre de termes patois.

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(v)                                Cette abréviation indique que le terme qui la précède immédiatement est vieilli. Le procédé que nous avons suivi dans l’interrogation ne provoquant guère ce genre de renseignement, cette précieuse indication est relativement rare dans notre Atlas et ne jette qu’une bien faible lueur sur les résultats auxquels aurait abouti une enquête semblable à la nôtre, si elle eût été faite il y a quelque cinquante ans. On ne saurait en effet se dissimuler que, de tant de milliers d’aires, dont notre atlas apporte quelques témoignages clairsemés, aucune n’avait, il y a cent ans, la configuration géographique actuelle.

(gr)                                Cette abréviation suit des termes qui sont considérés comme grossiers.

?                                   Le point d’interrogation, lorsqu’il est seul auprès d’un numéro, veut dire que le sujet n’a pu répondre à la question posée, soit par ignorance, soit parce que l’équivalent de la forme française n’existait pas dans son patois. Lorsque le point d’interrogation suit une forme, il exprime nos doutes sur sa réalité, doutes provenant soit de l’hésitation du sujet, soit de notre appréciation de la forme. Jamais ce signe ne concerne le genre ni le nombre.

(A)                               La valeur de ce signe qui figure en exergue et fait suite au titre des cartes a été expliquée dans le chapitre consacré à l’accent tonique.

(   )                               Nous faisons figurer entre parenthèses les réponses qui reposent sur une erreur de compréhension de la part du sujet, erreur qu’il était impossible ou dangereux de vouloir faire rectifier.

[   ]                               Les crochets ne figurent que dans des cartes présentant des combinaisons syntactiques et y encadrent des formes qui ont été données ou obtenues isolément et devaient, par conséquent, y être soigneusement spécifiées comme telles.

__                                Le trait horizontal auprès d’un numéro signifie que la forme n’a pas été demandée, soit par omission involontaire, soit parce que, à cette époque, elle ne figurait pas dans le questionnaire, soit enfin que (ce qui est arrivé bien rarement) elle fût illisible ou évidemment fautive. Un tableau que l’on trouvera plus loin a restreint considérablement l’usage que nous aurions dû en faire, s’il avait fallu marquer à chaque numéro l’absence des formes ne figurant pas encore dans le questionnaire.

 

 

 


[1] Texte repris de la Notice servant a l’intelligence des cartes Paris Honoré Champion, 1902, publiée par Gilliéron en même temps que le premier fascicule de l’Atlas linguistique de la France.

[2] 1. G. Paris, les Parlers de France, 1888.

[3] Pour les noms de plantes, M. Edmont avait joint au questionnaire un complément indispensable : un herbier.

[4] C’est-à-dire syntactiquement isolés.

[5] Ainsi, dans le patois 956 de notre carte, le mot fr. allumer a pour équivalent ằlnĕ́, donné en réponse à : allumer une lanterne ; mais, dans ce même patois, le vieux temps où l’usage de l’allumette était peu répandu revit dans ằvyĕ́ le feu (aviver le feu du foyer). Allumer n’a donc pour correspondant exclusif ni ằlnĕ́, ni ằvyĕ́.

[6] Dans les conditions où nous nous trouvions, le principe suivi nous parut vraiment le seul valant d’être approuvé. Sans doute, il peut paraître regrettable qu’à ː

Vous trouverez, bien quelqu’un qui vous ira

on nous réponde : … quelqu’un qui vous ira bien,... qui vous conviendra, ... à votre goût, ... qui fera bien votre affaire,... qui vous plaira,... qui vous agréera, et même ... qui vous voudra. (Dans ce dernier cas, nous mettons la forme entre parenthèses, comme ne répondant point à qui vous ira.)

Mais, que faire à cela ? Ne pouvant contrôler le degré de réalité dans la correspondance de ces formes avec qui vous ira, ne devant même pas rechercher jusqu’à quel point elles sont entachées d’individualité, il nous fallait les accueillir ; et, agissant ainsi, nous pensions obéir à des exigences de la science plus pressantes que celles qui nous auraient dicté d’autres procédés.

Dès le début, nous avions prévu, en partie du moins, les inconvénients du principe, et c’est dans cette prévision que, dès l’abord, nous avons largement mesuré la part des mots qui doivent servir à établir les lois phonétiques.

[7] Très suggestive à cet égard, comme à d’autres points de vue analogues, est la carte 44 ; Cette année.

[8] Nos exemples sont empruntés au premier fascicule de l’Atlas uniquement.

[9] [Le symbole utilisé par Gilliéron est inverse : un cercle surmonté d’une croix et non l’inverse, soit le symbole de l’empire universel et non du sexe féminin. P.S.]

[10] Nous reconnaissons avoir dépassé la mesure dans le sens contraire, lorsque, par ex., pour certains patois de Belgique nous écrivons ou va s (où vas-tu), afin de rendre bien visible à l’œil le rôle du t (tu) dans la conservation de cet s. Nous nous abstiendrons à l’avenir de cet excès de zèle critique.

[11] Il en est de même dans des cartes telles que celle-ci :

à l’abri (du vent); à l’abri (de la pluie).

Lorsqu’il a été relevé plus de deux formes, la virgule a été réservée pour séparer les formes concurrentes de la première ou de la seconde des locutions.

[12] Voir le tableau qui figure plus loin.

Protocol summary

Le questionnaire a été soumis par un enquêteur unique (Edmond Edmont), dans 639 points d'enquête, souvent à un témoin unique, mais parfois à plusieurs sans que les réponses soient attribuées à l'un ou l'autre. Les réponses ont été notées à la volées dans des carnets d'enquête, selon une notation phonétique dont les principes ont été définis par Pierre Rousselot dans la Revue des patois gallo-romans (cette notation et ses équivalent en API sont exposés dans le site du projet SYMILA : http://symila.univ-tlse2.fr/alf/notation_phonetique ). Le principe de recueil privilégie la première réponse, la réponse spontanée, réputée plus authentique. Toutefois, des réponses multiples ont été accueillies quand elles ont été spontanément apportées par les témoins.

Development context

Comme il est rappelé dans le texte cité pour définir les objectifs du questionnaire, ce questionnaire a été développé pour réaliser un Atlas linguistique des parlers romans de France. Des enquêtes linguistique avaient été menées en utilisant la traduction des textes parallèles (enquêtes Coquebert de Montbret fondées sur la parabole de l'Enfant prodigue). Un Atlas linguistique de l'espace germanophone était en cours de réalisation dans l'Empire allemand. Comme Jules Gilliéron le rappelle, la réalisation de l'ALF est à la fois une réponse à l'appel, lancé par Gaston Paris dans sa conférence de 1888, à réunir une documentation précise sur la variation linguistique de l'espace roman du territoire français et une rupture avec la méthode suggérée par Gaston Paris. La description d'ensemble ne découlera pas de la centralisation de matériaux adressés par une foule de correspondants locaux experts dans leur parler, mais de la passation d'un questionnaire unique de quelques 1800 questions par un quêteur unique dans 639 points d'enquête. Cette enquête de grande envergure a été menée dans le temps record, moins de quatre ans. On peut estimer que l'enquêteur traitait un point d'enquête en environ une journée. Pour plus de détails sur la genèse de l'ALF ont peut se reporter à Guylaine Brun-Trigaud 1990 Le croissant : le concept et le mot : contribution à l'histoire de la dialectologie française au XIXe siècle. Lyon : Université Lyon III 446 p. ainsi qu'à la synthèse classique de Sever Pop [1950] La dialectologie. Première partie, Dialectologie romane: aperçu historique et méthodes d'enquêtes linguistiques  Louvain : chez l'auteur, LV-733 p.

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